Cinquante œuvres indispensables de la littérature française

Ferdinand Heilbuth, Jeune homme lisant un livre, huile sur toile, 1856, coll. "Hamburger Kunsthalle".
Ferdinand Heilbuth, Jeune homme lisant un livre, huile sur toile, 1856, coll. "Hamburger Kunsthalle".

Une nouvelle fois, je me hasarde à publier une liste. Des listes, l’internet en regorge, et elles sont toutes imparfaites, subjectives et frustrantes.
L’exercice n’est toutefois pas inutile : qu’est-ce que la vie d’un homme, sinon une succession de choix ? Que fait-on d’autre du matin jusqu’au soir, de notre premier jour jusqu’à notre dernière heure ?
Listons, donc. À commencer par les cinquante œuvres indispensables de la littérature française. La littérature, hélas et grâce à Dieu, est aussi affamante qu’elle est infinie : celui qui voudra entrer dans nos lettres aura bien de la peine à choisir quoi lire en premier. Je lui dirai que la liste qui suit est le strict minimum : qu’il commence donc par là !

En quelques mots, mes critères de sélection ont été les suivants :

  • Uniquement des œuvres écrites en langue française : j’exclus de ce qu’on appelle le français un vieux français trop archaïque, qu’on ne peut lire qu’avec une traduction. D’où l’absence de la chanson de Roland, ou de la cantilène de sainte Eulalie.
  • Des œuvres représentatives et indispensables de l’histoire des lettres françaises : Fénelon, Cazotte, Huysmans ou Heredia, en dépit de tout le respect que j’ai pour eux, n’ont pas la même importance que Ronsard ou Voltaire. Bernardin de Saint-Pierre, Madame de Staël, même Constant, ces préromantiques, peinent à concurrencer Rousseau et Chateaubriand. Les Goncourt sont écrasés par les géants de leur siècle. Il m’a fallu écarter pour les mêmes raisons, à regret, Verne et Simenon – faute de place.
  • Des œuvres que l’on peut trouver facilement en librairie, parce qu’elles sont encore éditées et largement distribuées. J’ai pris soin d’indiquer à chaque fois les références les plus usuelles, les meilleures à mon humble avis et les moins chères, celles des livres au format poche.
  • Des œuvres dont les auteurs sont morts. J’ai omis les contemporains. Qui sait ce qu’en dira la postérité ?

Il y a dans cette liste du roman, de la poésie et du théâtre. Ce qu’il y manque ? La liste serait démesurée ! Il faudrait encore ajouter, en vrac, toute la poésie baroque, et celle de Hugo ; et puis, au hasard, la littérature de la droite catholique, monarchiste et nationaliste : Barrès, Maurras, Barbey d’Aurevilly, Villiers de l’Isle-Adam, Bloy, Péguy, Bernanos, Maurras ou Raspail.
Je me suis volontairement limité à une seule œuvre par auteur. À L’esprit des lois de Montesquieu, j’aurais aimé ajouter les Lettres persanes ; au Contrat social, les Confessions de Rousseau ; à La Chartreuse de Parme, Le Rouge et le Noir de Stendhal. Et malgré tout, il m’a encore fallu abandonner certains de mes écrivains préférés : adieu Bossuet ! Malherbe ! Retz ! Cendrars ! Mallarmé !… Anatole France, et tant d’autres !…

1. Le moyen âge

Villon, François, Poésies, Paris, éd. Gallimard, coll. « Poésie Gallimard », 1973.

2. La Renaissance

Rabelais, François, Gargantua, Paris, éd. Folio, coll. « Folio classique », 2007.

Ronsard, Pierre (de), Les Amours, Paris, éd. Gallimard, coll. « Poésie Gallimard », 1974.

Bellay, Joachim (du), Les Regrets ; Les Antiquités de Rome ; Défense et illustration de la langue française, Paris, éd. Gallimard, coll. « Poésie Gallimard », 1975.

Aubigné, Agrippa (de), Les Tragiques, Paris, éd. Gallimard, coll. « Poésie Gallimard », 1995.

Montaigne, Michel (de), Essais (trois tomes), Paris, éd. Folio, coll. « Folio classique », 2009.

3. Le dix-septième siècle baroque et classique

Corneille, Pierre, Le Cid, Paris, éd. Folio, coll. « Folio classique », 2000.

Molière, Dom Juan, Paris, éd. Folio, coll. « Folio classique », 2013.

Racine, Jean, Phèdre, Paris, éd. Folio, coll. « Folio classique », 2015.

La Rochefoucauld, François (de), Maximes, Paris, éd. LGF, coll. « Le Livre de Poche », 1991.

La Fontaine, Fables, Paris, éd. LGF, coll. « Le Livre de Poche », 1971.

Pascal, Pensées, Paris, éd. Folio, coll. « Folio classique », 2004.

Lafayette (madame de), La Princesse de Clèves, Paris, éd. LGF, coll. « Le Livre de Poche », 1973.

4. Le dix-huitième siècle : les Lumières

Montesquieu, De l’esprit des lois (deux tomes), Paris, éd. Flammarion, coll. « GF », 1993 et 1999.

Voltaire, Dictionnaire philosophique, Paris, éd. Flammarion, coll. « GF », 2010.

Rousseau, Jean-Jacques, Du contrat social, Paris, éd. Flammarion, coll. « GF », 2010.

Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Paris, éd. Folio, coll. « Folio classique », 1999.

5. Le dix-neuvième siècle romantique, réaliste, naturaliste et symboliste

Chateaubriand, François-René (de), Mémoires d’outre-tombe (quatre tomes), Paris, éd. LGF, coll. « Le Livre de Poche », 2001 et 2002.

Lamartine, Alphonse (de), Méditations poétiques ; Nouvelles méditations poétiques, Paris, éd. Gallimard, coll. « Poésie Gallimard », 1981.

Vigny, Alfred (de), Poèmes antiques et modernes ; Les Destinées, Paris, éd. Gallimard, coll. « Poésie Gallimard », 1973.

Musset, Alfred (de), La Confession d’un enfant du siècle, Paris, éd. LGF, coll. « Le Livre de Poche », 2003.

Hugo, Victor, Les Misérables (deux tomes), Paris, éd. Folio, coll. « Folio classique », 2000.

Dumas, Alexandre, Les Trois mousquetaires, Paris, éd. Folio, coll. « Folio classique », 2001.

Balzac, Honoré (de), Illusions perdues, Paris, éd. Folio, coll. « Folio classique », 2013.

Stendhal, La Chartreuse de Parme, Paris, éd. Folio, coll. « Folio classique », 2003.

Nerval, Gérard (de), Les Filles du feu ; Les Chimères, Paris, éd. Folio, coll. « Folio classique », 2005.

Baudelaire, Charles, Les Fleurs du mal, Paris, éd. Gallimard, coll. « Poésie Gallimard », 2005.

Gautier, Théophile, Émaux et Camées, Paris, éd. Gallimard, coll. « Poésie Gallimard », 1981.

Rostand, Edmond, Cyrano de Bergerac, Paris, éd. Folio, coll. « Folio classique », 2000.

Verlaine, Paul, Fêtes galantes ; Romances sans paroles ; Poèmes saturniens, Paris, éd. Gallimard, coll. ‘Poésie Gallimard’, 1973.

Rimbaud, Arthur, Poésies ; Une saison en enfer ; Illuminations, Paris, éd. Gallimard, coll. « Poésie Gallimard », 1973.

Flaubert, Gustave, Madame Bovary, Paris, éd. LGF, coll. « Le Livre de Poche », 2019.

Maupassant, Guy (de), Contes du jour et de la nuit, Paris, éd. Folio, coll. « Folio classique », 1984.

Zola, Émile, L’Assommoir, Paris, éd. Folio, coll. « Folio classique », 1999.

6. Le vingtième siècle explosif

Proust, Marcel, À la recherche du temps perdu (sept tomes), Paris, éd. Folio, coll. « Folio classique », 1988-2022.

Apollinaire, Guillaume, Alcools, Paris, éd. Gallimard, coll. « Poésie Gallimard », 1966.

Breton, André, Nadja, Paris, éd. Folio, 1972.

Aragon, Louis, Elsa, Paris, éd. Gallimard, coll. « Poésie Gallimard », 2009.

Éluard, Paul, Capitale de la douleur ; L’amour la poésie, Paris, éd. Gallimard, coll. « Poésie Gallimard », 2023.

Céline, Louis-Ferdinand, Voyage au bout de la nuit, Paris, éd. Folio, 1972.

Gide, André, Si le grain ne meurt, Paris, éd. Folio, 1972.

Valéry, Paul, Poésies, Paris, éd. Gallimard, coll. « Poésie Gallimard », 1966.

Camus, Albert, L’Étranger, Paris, éd. Folio, 1972.

Sartre, Jean-Paul, Huis Clos ; Les mouches, Paris, éd. Folio, 2000.

Beauvoir, Simone (de), Le deuxième sexe (deux tomes), Paris, éd. Folio, coll. « Folio essais », 1986.

Duras, Marguerite, Le ravissement de Lol V. Stein, Paris, éd. Folio, 1976.

Ionesco, Eugène, La Cantatrice chauve ; La leçon, Paris, éd. Folio, 1972.

Beckett, Samuel, En attendant Godot, Paris, éd. Minuit, 1952.

Giono, Jean, Le Hussard sur le toit, Paris, éd. Folio, 1972.

Gracq, Julien, Le Rivage des Syrtes, Paris, éd. Corti, 1989.

 

Je me peux pas m’empêcher, en guise de conclusion, de recommander encore quelques fondamentaux : pour le moyen âge, Christine de Pizan, Marie de France et Chrétien de Troyes, Charles d’Orléans ; pour la Renaissance et le dix-septième, le Discours de la servitude volontaire de La Boétie, une anthologie de la poésie baroque de Jorge Gimeno (Mon âme, il faut partir) ; je ne saurais trop conseiller, bien sûr, de lire l’ensemble des pièces de Corneille, de Racine et de Molière, et de compléter les Maximes par les Caractères de La Bruyère ; il manque aux dix-huitième et dix-neuvième Diderot, Marivaux, les romans historiques de Vigny (Cinq-Mars), de Gautier (Le Capitaine Fracasse) dont il faut lire aussi les contes fantastiques, et de Flaubert (Salammbô), ainsi que toute la poésie hugolienne, et tous les romans de Maupassant (il n’y en a que six, tous sublimes). Et pour le vingtième on ajoutera René Char, les Faux-monnayeurs de Gide, les textes plus strictement philosophiques de Camus et de Sartre (L’existentialisme est un humanisme), et celui plus personnel de Beauvoir (Mémoires d’une jeune fille rangée). Etc.
Bonne lecture !

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