François de La Rochefoucauld – « Un grand seigneur rebelle et pessimiste »

Gravure du Duc François VI de La Rochefoucauld, auteur des Maximes Auteur : PdeBardon
Gravure du Duc François VI de La Rochefoucauld, auteur des Maximes Auteur : PdeBardon

François de La Rochefoucauld, chevalier à l’ancienne mode converti au machiavélisme après l’échec de la Fronde ? Peut-être. C’est, en tout cas, ce que propose Jean Lafond dans sa préface aux Maximes de l’édition Gallimard (coll. « Folio classique », 1976) :

Sans doute la morale chevaleresque des années 1630-1650 lui apparaît-elle, à la lumière de l’événement, comme porteuse d’illusions néfastes. Mais, plus directement que le héros, c’est, dans le héros, le grandissement du moi qui se trouve remis en cause. Le héros n’est condamné que parce qu’il est une exaltation vaine et romanesque, cependant qu’il couvre d’un noble prétexte les intérêts les plus égoïstes. C’est à un retournement de la morale héroïque qu’on assiste alors, et La Rochefoucauld est le témoin privilégié de ce retournement.
(préface de J. Lafond in Maximes, La Rochefoucauld, éd. Gallimard, coll. « Folio classique », 1976)

Cependant, s’empresse d’ajouter J. Lafond, cette critique de l’homme, par l’homme nouveau – l’homme de cour, l’homme du monde –, pourrait tout aussi bien n’être qu’un moyen de poursuivre la Fronde « par d’autres moyens », loin de n’être que l’énième amer constat d’un auteur aux illusions perdues. Et pourquoi pas ? Les Maximes, après tout, sont l’œuvre d’un moraliste : c’est-à-dire qu’elles visent l’édification. Les lire pour en rire, c’est bien : les lire pour apprendre, c’est encore mieux.

Mais au fait, commençons par le commencement : l’auteur, avant l’ouvrage.

1. Portrait du prince, par Jean d’Ormesson

Nous nous permettrons, une fois n’est pas coutume, de citer (presque) in extenso Jean d’Ormesson, parce qu’il n’y a rien à ajouter aux quelques lignes qu’il consacre au moraliste dans son Autre histoire de la littérature française, dont nous ne saurions trop recommander la lecture aux passionnés de littérature française.

Appartenant à l’une des plus anciennes et des plus illustres familles du royaume, François, prince de Marcillac, duc de La Rochefoucauld, est un grand seigneur rebelle et pessimiste. […] Conspirateur et soldat, La Rochefoucauld est brave, ambitieux, imprudent : il passe huit jours à la Bastille et trois ans en exil. Il est l’amant de Mme de Longueville, la sœur ardente du Grand Condé, convoitée en vain, on s’en souvient, par ce voyou de Retz, et se laisse berner par Mazarin. Il participe à la Fronde, s’allie aux Espagnols, voit son château rasé sur ordre du cardinal et, au combat de la porte Saint-Antoine, à Paris, reçoit en plein visage un coup de mousquet qui le laissera presque aveugle.
En 1665, deux ans avant Andromaque, l’année même où Molière écrit Dom Juan, où Bossuet prêche le carême à Saint-Thomas du Louvre, où La Fontaine publie ses Contes et où Poussin meurt à Rome, il donne ses Maximes au public. Sa femme et sa mère disparaissent. Un de ses fils est tué au passage du Rhin, un autre blessé, le fils de Mme de Longueville est tué aussi. Lui-même expire à son tour dans les bras de Bossuet. « Il y a toujours eu du je ne sais quoi dans M. de La Rochefoucauld », écrit son ami et rival le cardinal de Retz. Il est peut-être le plus grand de ces fameux moralistes français dont on nous rebat les oreilles. On peut se demander aussi si ce moraliste n’a pas, en vérité, l’âme d’un romancier.
(Une autre histoire de la littérature française, I, J. d’Ormesson)

Cela est clair, cela est synthétique : mais cela est le regard d’un anthologiste. Ce portrait, qui, certes, n’est pas dénué d’un certain charme propre au séducteur auteur d’Au plaisir de Dieu, manque un peu de chaleur – ou, plutôt, de proximité. L’on pardonne cependant bien volontiers à J. d’Ormesson (on lui pardonne tout) : car il écrit ces lignes plus de trois cents ans après la mort du prince.

2. Portrait du prince, par le Cardinal de Retz

Ne nous déplaise, rien ne pourra jamais remplacer le regard partial, parce que soumis aux passions tristes, celles, justement, que dénonce le moraliste – l’envie, la haine, la jalousie –, d’un contemporain qui le côtoya. Et pas n’importe quel contemporain : le turbulent cardinal de Retz, dont les Mémoires sont édifiants à maints égards !

Il y a toujours eu du je ne sais quoi en tout M. de La Rochefoucauld. Il a voulu se mêler d’intrigues, dès son enfance, et dans un temps où il ne sentait pas les petits intérêts, qui n’ont jamais été son faible ; et où il ne connaissait pas les grands, qui, d’un autre sens, n’ont pas été son fort. Il n’a jamais été capable d’aucune affaire, et je ne sais pourquoi ; car il avait des qualités qui eussent suppléé, en tout autre, celles qu’il n’avait pas. Sa vue n’était pas assez étendue, et il ne voyait pas même tout ensemble ce qui était à sa portée ; mais son bon sens, et très bon dans la spéculation, joint à sa douceur, à son insinuation et à sa facilité de mœurs, qui est admirable, devait récompenser plus qu’il n’a fait le défaut de sa pénétration. Il a toujours eu une irrésolution habituelle ; mais je ne sais même à quoi attribuer cette irrésolution. Elle n’a pu venir en lui de la fécondité de son imagination, qui n’est rien moins que vive. Je ne la puis donner à la stérilité de son jugement ; car, quoiqu’il ne l’ait pas exquis dans l’action, il a un bon fonds de raison. Nous voyons les effets de cette irrésolution, quoique nous n’en connaissions pas la cause. Il n’a jamais été guerrier, quoiqu’il fût très soldat. Il n’a jamais été, par lui-même, bon courtisan, quoiqu’il ait toujours eu bonne intention de l’être. Il n’a jamais été un bon homme de parti, quoique toute sa vie il y ait été engagé. Cet air de honte et de timidité que vous lui voyez dans la vie civile, s’était tourné, dans les affaires, en air d’apologie. Il croyait toujours en avoir besoin, ce qui, joint à ses Maximes, qui ne marquent pas assez de foi en la vertu, et à sa pratique, qui a toujours été de chercher à sortir des affaires avec autant d’impatience qu’il y était entré, me fait conclure qu’il eût beaucoup mieux fait de se connaître et de se réduire à passer, comme il l’eût pu, pour le courtisan le plus poli qui eût paru dans son siècle.
(Mémoires, Cardinal de Retz)

Le portrait n’est pas si mal ! – quand on le lit avec le recul du temps, sans donner dans le panneau, pour reprendre l’une des expressions favorites du cardinal, c’est-à-dire en sachant qu’il est écrit par un ennemi mortel. Mais quoi ? ce n’est pas le prince de Marcillac qui s’en plaindrait, lui qui écrivait que « nos ennemis approchent plus de la vérité dans les jugements qu’ils font de nous que nous n’en approchons nous-mêmes. » Laissons-nous tromper, donc, par le portrait du méchant cardinal : derrière sa vilenie, nous ne pouvons douter qu’il doit toucher au vrai, à plus d’un égard.

3. Portrait du prince, par lui-même

Il nous faut citer le début des Mémoires de La Rochefoucauld, parce qu’il s’agit d’un passage d’anthologie. On demeure stupéfait par le ridicule de cette auto-description, de la part d’un homme d’habitude si fin dans l’analyse. À dire le vrai, l’on se demande même si toutes ces lignes n’ont pas quelque chose d’ironique – l’on touche là peut-être à ce je ne sais quoi dont parlait Retz.

Je suis d’une taille médiocre, libre et bien proportionnée. J’ai le teint brun mais assez uni, le front élevé et d’une raisonnable grandeur, les yeux noirs, petits et enfoncés, et les sourcils noirs et épais, mais bien tournés. Je serais fort empêché à dire de quelle sorte j’ai le nez fait, car il n’est ni camus ni aquilin, ni gros ni pointu, au moins à ce que je crois. Tout ce que je sais, c’est qu’il est plutôt grand que petit, et qu’il descend un peu trop en bas. J’ai la bouche grande, et les lèvres assez rouges d’ordinaire, et ni bien ni mal taillées. J’ai les dents blanches, et passablement bien rangées. On m’a dit autrefois que j’avais un peu trop de menton : je viens de me tâter et de me regarder dans le miroir pour savoir ce qui en est, et je ne sais pas trop bien qu’en juger. Pour le tour du visage, je l’ai ou carré ou en ovale ; lequel des deux, il me serait fort difficile de le dire. J’ai les cheveux noirs, naturellement frisés, et avec cela assez épais et assez longs pour pouvoir prétendre en belle tête. J’ai quelque chose de chagrin et de fier dans la mine ; cela fait croire à la plupart des gens que je suis méprisant, quoique je ne le sois point du tout. J’ai l’action fort aisée, et même un peu trop, et jusques à faire beaucoup de gestes en parlant. Voilà naïvement comme je pense que je suis fait au-dehors, et l’on trouvera, je crois, que ce que je pense de moi là-dessus n’est pas fort éloigné de ce qui en est.
(Mémoires, La Rochefoucauld)

Voilà, donc, pour le dehors. Qu’en est-il du dedans ? Le prince dit de lui qu’il est mélancolique, et que cette mélancolie le pousse à une certaine distance, et même une réserve, qu’accentue encore son esprit rêveur. Il a de l’esprit : sa mémoire est bonne, et il maîtrise la langue. Il apprécie beaucoup la conversation avec les honnêtes gens où l’on parle de morale. Il écrit bien, il aime lire, et, surtout, parler de ce qu’il lit avec une personne d’esprit. Il aime la dispute, et peut s’y jeter passionnément. Il se croit vertueux, et aspire, en tout cas, à être un homme de bien : tant et si bien, qu’il accepte volontiers les remarques de ses amis. Il est modéré, à ce point que seul l’honneur pourrait le contraindre à la vengeance (le « devoir » ferait alors en lui « l’office de la haine »). Il a peu d’ambition, et ne craint « aucunement la mort ». Il préfère la raison à la passion : car tout élan du cœur est vu par lui comme une faiblesse. Il a le goût du secret, c’est-à-dire qu’il en a, et sait garder ceux des autres. Il préfère la compagnie des femmes d’esprit à celle des hommes d’esprit : il les trouve en effet plus douces, et d’une expression à la fois plus nette et plus agréable. S’il se méfie des passions, il admire cependant les « belles passions » d’amour qui « marquent la grandeur de l’âme », car, même si elles sont contraires à la « sévère sagesse », elles s’accommodent cependant « avec la plus austère vertu ».

4. Portrait des Maximes

« La maxime, écrit Jean Lafond dans l’édition précitée, se plie trop bien aux élégances de l’écriture classique pour n’être pas, perle de culture, le produit rare mais factice d’une société, d’un temps, d’un mode d’expression révolus. »
Quelle tristesse, que ce temps soit révolu ! car la maxime est la perfection littéraire : et même, oserons-nous le dire ? écrite en un style autant travaillé sur la forme que sur le fond, elle est une poésie. Jean d’Ormesson ne s’y trompe pas : après avoir longuement cité l’une d’entre elles, qui parle de l’amour-propre et fut malheureusement supprimée après la première édition, il conclut ainsi, pensant peut-être à la fameuse formule de Valéry : « La poésie, cette hésitation prolongée entre le son et le sens ».

Cité un peu trop longuement, ce texte, moins connu que les éternels : « Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement » ou « Il y a de bons mariages, il n’y en a point de délicieux », ne me paraît pas seulement traduire mieux qu’aucun autre une certaine forme d’esprit où le fond et la forme, le sens et le son atteignent à l’équilibre dans une sorte de perfection. Il annonce aussi, non plus Schopenhauer, mais tous les abîmes de Freud et de cet inconscient où ce qui se passe en cachette ne cesse jamais d’être dissimulé sous de trompeuses apparences.
(Une autre histoire de la littérature française, I, J. d’Ormesson)

Les Maximes sont l’œuvre d’un janséniste. Les jansénistes, en un mot, pensent, à peu près comme saint Augustin, entre autres choses que l’amour de Dieu au mépris de soi-même conduit les hommes au bien, et que le mépris de Dieu au nom de son amour-propre, c’est-à-dire pour la satisfaction de ses intérêts, conduit les hommes au mal. Est-ce à dire que le moraliste, en attaquant les hommes par la voie de Babylone (la cité des hommes), attaque la religion ? Attention à ne pas conclure trop vite, comme ont pu le faire certains :

Dans le prolongement de certains traités de spiritualité, la critique de l’amour de soi, loin de recouvrir une critique du christianisme, représente la transposition au plan moral d’un des moments de l’ascèse spirituelle.
(préface de J. Lafond in Maximes, La Rochefoucauld, éd. Gallimard, coll. « Folio classique », 1976)

De fait, dès l’entrée, le moraliste s’attaque à la vertu païenne – qui ne peut exister, et donc est pleine d’hypocrisies et de contre-sens, puisque, selon lui, il n’y a pas de vertu dans l’ignorance du Christ.

Ce que nous prenons pour des vertus n’est souvent qu’un assemblage de diverses actions et de divers intérêts, que la fortune ou notre industrie savent arranger ; et ce n’est pas toujours par valeur et par chasteté que les hommes sont vaillants, et que les femmes sont chastes.
(Maximes, F. de La Rochefoucauld)

Même chez les chrétiens, la vertu pure est rare, pour ne pas dire inexistante : La Rochefoucauld multiplie les formules assassines qui démontrent « la vérité, l’âpre vérité » chère à Stendhal – que seuls l’égoïsme et l’amour-propre commandent les actions humaines. Certes, cette vision de l’homme est bien pessimiste, et conduit le moraliste à ne jamais parler des vertus que pour en critiquer la fausseté. « Les Maximes, écrit Jean d’Ormesson, constituent une sorte de système en miniature, dominé par une idée-force et une seule : l’intérêt personnel règne partout dans les âmes et il se donne des allures vertueuses, alors que les vertus ne sont que les masques de nos désirs. »
Cependant, si cette philosophie s’inscrit dans le grand courant du pessimisme, ce serait une grave erreur, que de croire qu’elle fait l’apologie du mal : car ce n’est pas « le bien qui est remis en cause, mais, intentionnelles ou non, ses falsifications » (J. Lafond). Au fond, en crevant le voile des apparences, non seulement La Rochefoucauld se pose en digne héraut de la pensée janséniste qui peut être vue comme un « antihumanisme », en ce qu’elle rejette « cette tendance à rapprocher l’homme de Dieu » (J. Lafond), mais ouvre encore la voie aux grands réalistes pessimistes du dix-neuvième – ce n’est pas pour rien que Girard les qualifiait de grands moralistes –, Balzac et Thackeray, Flaubert et Maupassant.

5. Quelques maximes

« L’amour-propre est le plus grand de tous les flatteurs. »

« La constance des sages n’est que l’art de renfermer leur agitation dans le cœur. »

« Peu de gens connaissent la mort. On ne la souffre pas ordinairement par résolution, mais par stupidité et par coutume ; et la plupart des hommes meurent parce qu’on ne peut s’empêcher de mourir. »

« Il faut de plus grandes vertus pour soutenir la bonne fortune que la mauvaise. »

« On fait souvent vanité des passions même les plus criminelles ; mais l’envie est une passion timide et honteuse que l’on n’ose jamais avouer. »

« Si nous n’avions point de défauts, nous ne prendrions pas tant de plaisir à en remarquer dans les autres. »

« Pour s’établir dans le monde, on fait tout ce que l’on peut pour y paraître établi. »

« On aime mieux dire du mal de soi-même que de n’en point parler. »

« Un homme d’esprit serait souvent bien embarrassé sans la compagnie des sots. »

« On ne loue d’ordinaire que pour être loué. »

« La parfaite valeur est de faire sans témoins ce qu’on serait capable de faire devant tout le monde. »

« C’est une grande habileté que de savoir cacher son habileté. »

« La magnanimité méprise tout pour avoir tout. »

« L’esprit nous sert quelquefois à faire hardiment des sottises. »

« Nous pardonnons aisément à nos amis les défauts qui ne nous regardent pas. »

« Nous essayons de nous faire honneur des défauts que nous ne voulons pas corriger. »

« Le même orgueil qui nous fait blâmer les défauts dont nous nous croyons exempts, nous porte à mépriser les bonnes qualités que nous n’avons pas. »

« Il y a souvent plus d’orgueil que de bonté à plaindre les malheurs de nos ennemis ; c’est pour leur faire sentir que nous sommes au-dessus d’eux que nous leur donnons des marques de compassion.  »

« Il y a des gens si remplis d’eux-mêmes que, lorsqu’ils sont amoureux, ils trouvent moyen d’être occupés de leur passion sans l’être de la personne qu’ils aiment. »

Conclusion

Et si les Maximes, comme on a pu l’affirmer ici et là, étaient l’œuvre d’un libertin ? Cela n’expliquerait-il pas, du moins en partie – en partie seulement – l’attrait qu’elles exercèrent toujours sur les anarchistes de droite, de Nietzsche, qui les pastiche dans le Gai savoir, à Rebatet, qui en parle dans Les Deux étendards ? Mme de Schomberg, déjà, ne s’y trompait pas, quand elle indiquait ceci, dans un écrit rappelé par J. Lafond :

Après la lecture de cet écrit, l’on demeure persuadé qu’il n’y a ni vice ni vertu à rien, et que l’on fait nécessairement toutes les actions de la vie. S’il est ainsi que nous ne nous puissions empêcher de faire tout ce que nous désirons, nous sommes excusables, et vous jugez de là combien ces maximes sont dangereuses. [Je crains] qu’entre les mains des personnes libertines, ou qui auraient de la pente aux opinions nouvelles […], cet écrit les puisse confirmer dans leur erreur et leur faire croire qu’il n’y a point du tout de vertu.

L’on pourrait écrire encore des pages pour démontrer en quoi cette théorie est osée, mais nous nous arrêterons là. Nous avons déjà trop conclu, pour un auteur qui, lui, ne prit jamais la peine de lever le doute, en donnant à ses maximes effroyables une conclusion digne de ce nom… qui eût pourtant soulagé tout le monde !

 

Lecture conseillée :

  • La Rochefoucauld, François (de), Maximes et Réflexions diverses, Paris, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1976

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