L’ogre Flaubert

Gustave Flaubert photographié par Nadar, 1865
Flaubert par Nadar, 1865

Gustave Flaubert est un ogre au sens propre comme au sens figuré : il est géant par la taille et par l’esprit. Ce maître du style, ayant vécu en plein milieu du dix-neuvième siècle, né la même année que Baudelaire, marqua d’une empreinte de colosse la grande histoire de la littérature française.

1. Sa vie

Flaubert naît le 12 décembre 1821 à Rouen. Jusqu’en 1839, il fait ses classes ; il rencontre à cette occasion une certaine Madame Schlésinger qui deviendra le modèle de la Mme Arnoux de L’Éducation sentimentale, et rédige les Mémoires d’un fou et Smarh. Le jeune Flaubert est turbulent : il est exclu du collège pour indiscipline.

Malgré la douceur d’un foyer très uni d’où le rire n’était pas exclu, l’atmosphère familiale ne devait pas être légère ni folichonne à l’hôtel-Dieu de Rouen. Pour lutter contre la tristesse, le jeune Gustave développe, en vrai carabin, un sens de la farce, de la grosse gaieté, et invente un personnage fictif auquel il prête les propos les plus cyniques et les mieux faits pour effaroucher les bourgeois qu’il ne porte pas dans son coeur : « le Garçon ».
(Une autre histoire de la littérature française, I, J. d’Ormesson)

En 1840, devenu bachelier ès lettres, il part à Paris étudier le droit. Il rencontre alors Maxime Du Camp, qui deviendra l’un de ses amis les plus chers. 1844 est une année clé dans la vie de Flaubert : alors qu’il se trouve aux alentours de Pont-l’Évêque, il fait une crise nerveuse qui manque de le tuer. Cet accident est pour lui un véritable choc ; traumatisé, il se retire dans la maison achetée par son père à Croisset, et décide de se lancer pleinement dans la littérature.
En 1846, Flaubert doit affronter ses premiers deuils : celui de son père, presque immédiatement suivi de celui de sa sœur Caroline. Il se console en entamant une liaison avec Louise Colet – liaison orageuse qui prendra fin en 1854. Flaubert, pendant ce temps, ne reste pas inactif ; il travaille des mois entiers à la rédaction d’un ouvrage qu’il intitule La Tentation de saint Antoine. En 1849, il annonce fièrement avoir terminé son livre, et en fait lecture à ses amis, Maxime Du Camp et Louis Bouilhet. Le jugement est sévère : tout est à refaire. Flaubert est déçu mais pas abattu ; il embarque avec Du Camp pour un voyage en Orient, qui le mènera pendant deux ans en Égypte, en Palestine, en Syrie, au Liban, à Constantinople, en Grèce et en Italie.
Flaubert revient revigoré de son périple oriental. Il se remet pleinement à l’écriture et travaille sans relâche à son prochain livre.

Au retour d’Orient, Flaubert s’enferme à Croisset, sur les bords de la Seine, non loin de Rouen, et travaille à Madame Bovary. Il y consacrera cinq ans, forçat rivé à sa table de travail, moine au service de l’art, écrivant quelques lignes par jour, raturant, reprenant, corrigeant inlassablement, se tuant à la tâche.
(Une autre histoire de la littérature française, I, J. d’Ormesson)

Madame Bovary paraît en feuilleton en 1856 dans la revue de Du Camp. Si le succès est au rendez-vous, le livre choque par son indécence, et entraîne Flaubert au Tribunal – en même temps que Baudelaire, pour Les Fleurs du Mal. Plus chanceux que le poète, le romancier, finalement acquitté, peut bientôt se remettre au travail.

Flaubert fut acquitté, mais les attendus lui reprochèrent de ne pas s’être « suffisamment rendu compte qu’il y a des limites que la littérature, même la plus légère, ne doit pas dépasser ». Même la plus légère est une perle que Flaubert dut apprécier.
(Une autre histoire de la littérature française, I, J. d’Ormesson)

Après Bovary, Flaubert, pendant six ans – à grand renfort de documentation – écrit Salammbô. L’ouvrage sort en 1863. Le succès, immense, permet à Flaubert de fréquenter le grand monde : on le voit au salon de la princesse Mathilde, ainsi que dans tous les lieux à la mode, accompagné des Goncourt, de George Sand ou de Sainte-Beuve.
Six ans plus tard, en 1869, après quelques voyages (Angleterre, Baden-Baden) et une légion d’honneur, l’auteur de Bovary publie L’Éducation sentimentale. Cette fois-ci, le succès est faible, et les critiques acerbes. La décennie qui suit est dure pour l’écrivain. Entre 1870 et 1873, les deuils s’enchaînent : sa mère, Jules de Goncourt, Théophile Gautier, Ernest Feydeau. En dépit de ces trop nombreux coups durs, Flaubert trouve encore la force de publier, en 1874, la troisième et dernière version de sa Tentation de saint Antoine.
Flaubert n’a plus que quelques années à vivre. Après s’être ruiné en sauvant sa nièce de la faillite, il doit affronter en 1876, coup sur coup, la mort de Louise Colet et de George Sand. Il termine de rédiger un an plus tard les Trois contes, la dernière œuvre publiée de son vivant.
Flaubert meurt à Croisset le 8 mai 1880 d’une hémorragie cérébrale. Bouvard et Pécuchet, son ultime ouvrage non achevé, est publié un an plus tard, à titre posthume.

2. Sa correspondance

Flaubert, de l’avis de ses contemporains, est ce que l’on appelle un « bon vivant ». Il a ses emportements, ses élans, ses humeurs. Sa Correspondance est sa meilleure (auto)biographie : la lire, c’est comme le rencontrer. Il suffit, d’ailleurs, de parcourir des yeux trois ou quatre lettres, pour se rendre compte du personnage. À la beauté des phrases, beauté simple faite d’erreurs grammaticales soigneusement pesées, pour l’humour, et choisies, pour le rythme, succède la vulgarité du langage. Ainsi, par exemple, de cet extrait d’une lettre envoyée à son ami Ernest Chevalier, où le grotesque se mêle au sublime :

Bonne et joyeuse existence que la tienne ! Vivre au jour le jour, sans souci du lendemain, sans préoccupations pour l’avenir, sans doutes, sans craintes, sans espoir, sans rêves ; vivre d’une vie de folâtres amours et de verres de kirch-wasser, une vie dévergondée, fantastique, artistique, qui se remue, qui bondit, qui saute, une vie qui se fume elle-même et qui s’enivre, bals masqués, restaurants, champagne, petits verres, filles de joie, larges nuées de tabac ! C’est là-dedans que tu marches, que tu fouilles, que tu uses tes jours. Tant mieux, morbleu ! Le vent te pousse, le caprice te guide, une femme passe et tu la suis, tu entends de la musique et tu te mets à sauter… Et puis l’orgie ! l’orgie échevelée ! Hurlante ! beuglante ! mugissante ! (Ici un poème sur l’orgie échevelée ; je passe outre.) Tu vas vivre ainsi pendant trois ans et ce sera là, sans doute, tes plus belles années, celles qu’on regrette même quand on est devenu sobre et vieux, qu’on loge au premier, qu’on paye ses contributions et qu’on en est venu a croire à la vertu d’une femme légitime et aux sociétés de tempérance. Mais que feras-tu ? Que comptes-tu devenir ? où est l’avenir ? Te demandes-tu cela quelquefois ? Non, que t’importe ? Et tu fais bien. L’avenir est ce qu’il y a de pire dans le présent. Cette question, que seras-tu ? jetée devant l’homme, est un gouffre ouvert devant lui et qui s’avance toujours à mesure qu’il marche.
(Lettre de G. Flaubert à E. Chevalier datée du 24 février 1839.)

Ses lettres à Maupassant – le fils de son amie Laure –, pour qui il a une grande tendresse, témoignent encore de sa rage de vivre :

Quand on écrit bien, on a contre soi deux ennemis : 1° le public, parce que le style le contraint à penser, l’oblige à un travail ; et 2° le gouvernement, parce qu’il sent en vous une force, et que le pouvoir n’aime pas un autre pouvoir. Les gouvernements ont beau changer, monarchie, empire ou république, peu importe ! L’esthétique officielle ne change pas ! De par la vertu de leur place, ses agents – administrateurs et magistrats – ont le monopole du goût (voir les considérants de mon acquittement). Ils savent comment on doit écrire, leur rhétorique est infaillible, et ils possèdent les moyens de vous convaincre.
On montait vers l’Olympe, la face inondée de rayons, le cœur plein d’espoir, aspirant au beau, au divin, à demi dans le ciel léger, – et une patte de garde-chiourme vous ravale dans l’égout. Vous conversiez avec la muse : on vous prend pour ceux qui corrompent les petites filles ! Tout embaumé des ondes du Permesse, tu seras confondu avec les messieurs hantant, par luxure, les pissotières !
Et tu t’assoiras, mon petit, sur le banc des voleurs, et tu entendras un particulier lire tes vers (non sans faute de prosodie) et les relire, en appuyant sur certains mots auxquels il donnera un sens perfide. Il en répétera quelques-uns plusieurs fois, comme le citoyen Pinard : « Le jarret, messieurs, le jarret », etc.
Pendant que ton avocat te fera signe de te contenir – un mot pourrait te perdre – tu sentiras derrière toi, vaguement, toute la gendarmerie, toute l’armée, toute la force publique pesant sur ton cerveau d’un poids incalculable ; alors il te montera au cœur une haine que tu ne soupçonnes pas, avec des projets de vengeance, de suite arrêtés par l’orgueil.
Mais, encore une fois, ce n’est pas possible. Tu ne seras pas poursuivi, tu ne seras pas condamné. Il y a malentendu, erreur, je ne sais quoi. Le garde des sceaux va intervenir ! On n’est plus aux beaux jours de M. de Villèle.
Cependant, qui sait ? la terre a des limites ; mais la bêtise humaine est infinie.
(Lettre de G. Flaubert à G. de Maupassant datée du 19 février 1880.)

Jean d’Ormesson écrit que « dans les moments d’ennui ou de découragement, le recours à sa Correspondance, si vive, si jaillissante, est recommandé. » Et il ajoute : « C’est un bouillonnement d’idées et une mine de recettes pour apprentis écrivains. » C’est aussi un véritable traité d’art poétique.

3. Son style

La doctrine de Flaubert est simple : l’auteur doit s’effacer derrière le narrateur, peser chaque mot et réduire la phrase à son aspérité la plus tranchante.

[Madame Bovary] est le modèle du roman objectif d’où l’auteur est absent et il s’ouvre pourtant avec le mot nous : « Nous le vîmes arriver… » Mais le nous et l’auteur s’évanouissent aussitôt sans laisser de trace pour céder la place à un récit objectif où l’émotion, l’ironie, la passion, la tristesse ne surgissent que des événements et du style volontairement retenu qui les rapporte. « L’artiste, disait Flaubert, doit être dans son œuvre comme Dieu dans la création, invisible et tout-puissant, qu’on le sente partout et qu’on ne le voie pas. »
(Une autre histoire de la littérature française, I, J. d’Ormesson)

Voici comment, dans l’une de ses lettres à Louise Colet, il expose sa théorie :

Il faut écrire plus froidement. Méfions-nous de cette espèce d’échauffement, qu’on appelle l’inspiration, et où il entre souvent plus d’émotion nerveuse que de force musculaire. Dans ce moment-ci, par exemple, je me sens fort en train, mon front brûle, les phrases m’arrivent, voilà deux heures que je voulais t’écrire et que de moment en moment le travail me reprend. Au lieu d’une idée, j’en ai six et, où il faudrait l’exposition la plus simple, il me surgit une comparaison. J’irais, je suis sûr, jusqu’à demain midi sans fatigue. Mais je connais ces bals masqués de l’imagination d’où l’on revient avec la mort au cœur, épuisé, n’ayant vu que du faux et débité des sottises. Tout doit se faire à froid, posément.
(Lettre de G. Flaubert à L. Colet datée du 28 février 1853.)

L’écrivain, comme Dieu, doit créer le monde, mais n’y intervenir sous aucun prétexte. Flaubert, par conséquent, adopte de manière systématique une focalisation externe volontairement détachée. Cette attitude d’un narrateur n’intervenant jamais dans le récit, il l’exprime ainsi dans une lettre à George Sand :

Mais aucun des deux n’est préoccupé avant tout de ce qui fait pour moi le but de l’Art, à savoir : la Beauté. Je me souviens d‘avoir eu des battements de cœur, d‘avoir ressenti un plaisir violent en contemplant un mur de l’Acropole, un mur tout nu (celui qui est à gauche quand on monte aux Propylées). Eh bien ! je me demande si un livre, indépendamment de ce qu’il dit, ne peut pas produire le même effet.
(Lettre de G. Flaubert à G. Sand datée du 3 avril 1876.)

Et, de façon encore plus claire dans cette autre lettre adressée à Sand en 1875 :

Dans l’idéal que j’ai de l’art, je crois qu’on ne doit rien montrer de ses colères et de ses indignations. L’artiste ne doit pas plus apparaître dans son œuvre que Dieu dans la nature.
(Lettre de G. Flaubert à G. Sand datée de fin décembre 1875.)

Flaubert trouvera son meilleur défenseur dans un maître du style : Marcel Proust lui-même. Laissons-le évoquer cet écrivain qu’il admirait tant :

En tout cas il y a une beauté grammaticale, (comme il y a une beauté morale, dramatique, etc.) qui n’a rien à voir avec la correction. C’est d’une beauté de ce genre que Flaubert devait accoucher laborieusement. Sans doute cette beauté pouvait tenir parfois à la manière d’appliquer certaines règles de syntaxe. Et Flaubert était ravi quand il retrouvait dans les écrivains du passé une anticipation de Flaubert, dans Montesquieu par exemple : « Les vices d’Alexandre étaient extrêmes comme ses vertus ; il était terrible dans la colère ; elle le rendait cruel. » Mais si Flaubert faisait ses délices de telles phrases, ce n’était évidemment pas à cause de leur correction, mais parce qu’en permettant de faire jaillir du cœur d’une proposition l’arceau qui ne retombera qu’en plein milieu de la proposition suivante, elles assuraient l’étroite, l’hermétique continuité du style.
(Marcel Proust, À propos du “ style ” de Flaubert, La NRF, n° 76, 1er janvier 1920, pages 72-90)

4. Le réaliste

Flaubert, ayant vécu en plein cœur du dix-neuvième siècle, ne pouvait manquer d’échapper à l’esthétique réaliste. Un cœur simple, Madame Bovary et L’Éducation sentimentale font de lui un maître en la matière, aux côtés de Stendhal ou de Balzac. Bovary, qui lui vaudra son procès retentissant, a quelque chose de La Femme de trente ans. Comme tous les grands réalistes, Flaubert est un grand moraliste : car une bonne observation du réel ne va jamais sans une dénonciation bien sentie des orgueils et des faux-semblants de la société, de cette foire aux vanités superbement décrite par Thackeray, à peu près au même moment, en Angleterre. Bovary est, d’abord et avant tout, une critique du désir, et le roman des vanités.

Elle se demandait s’il n’y aurait pas eu moyen, par d’autres combinaisons du hasard, de rencontrer un autre homme ; et elle cherchait à imaginer quels eussent été ces événements non survenus, cette vie différente, ce mari qu’elle ne connaissait pas. Tous, en effet, ne ressemblaient pas à celui-là. Il aurait pu être beau, spirituel, distingué, attirant, tels qu’ils étaient sans doute, ceux qu’avaient épousés ses anciennes camarades du couvent. Que faisaient-elles maintenant ? À la ville, avec le bruit des rues, le bourdonnement des théâtres et les clartés du bal, elles avaient des existences où le cœur se dilate, où les sens s’épanouissent. Mais elle, sa vie était froide comme un grenier dont la lucarne est au nord, et l’ennui, araignée silencieuse, filait sa toile dans l’ombre à tous les coins de son cœur. Elle se rappelait les jours de distribution de prix, où elle montait sur l’estrade pour aller chercher ses petites couronnes. Avec ses cheveux en tresse, sa robe blanche et ses souliers de prunelle découverts, elle avait une façon gentille et les messieurs, quand elle regagnait sa place, se penchaient pour lui faire des compliments ; la cour était pleine de calèches, on lui disait adieu par les portières, le maître de musique passait en saluant, avec sa boîte à violon. Comme c’était loin, tout cela ! comme c’était loin !
(Madame Bovary, G. Flaubert, 1856.)

L’Éducation sentimentale est évidemment le pendant des Illusions perdues. Il est à l’image de son auteur : foisonnant. Ce livre, qui se veut aussi réaliste que l’ouvrage de Balzac –

À part quelques bourgeois, aux Premières, c’étaient des ouvriers, des gens de boutique avec leurs femmes et leurs enfants. Comme on avait coutume alors de se vêtir sordidement en voyage, presque tous portaient de vieilles calottes grecques ou des chapeaux déteints, de maigres habits noirs râpés par le frottement du bureau, ou des redingotes ouvrant la capsule de leurs boutons pour avoir trop servi au magasin ; çà et là, quelque gilet à châle laissait voir une chemise de calicot, maculée de café ; des épingles de chrysocale piquaient des cravates en lambeaux ; des sous-pieds cousus retenaient des chaussons de lisière ; deux ou trois gredins qui tenaient des bambous à gance de cuir lançaient des regards obliques, et des pères de famille ouvraient de gros yeux, en faisant des questions. Ils causaient debout, ou bien accroupis sur leurs bagages ; d’autres dormaient dans des coins ; plusieurs mangeaient. Le pont était sali par des écales de noix, des bouts de cigares, des pelures de poires, des détritus de charcuterie apportée dans du papier ; trois ébénistes, en blouse, stationnaient devant la cantine ; un joueur de harpe en haillons se reposait, accoudé sur son instrument ; on entendait par intervalles le bruit du charbon de terre dans le fourneau, un éclat de voix, un rire ; et le capitaine, sur la passerelle, marchait d’un tambour à l’autre, sans s’arrêter. Frédéric, pour rejoindre sa place, poussa la grille des Premières, dérangea deux chasseurs avec leurs chiens.
(L’Éducation sentimentale, G. Flaubert, 1869.)

– a néanmoins des réflexes romantiques, comme ce célébrissime coup de foudre de Moreau pour Arnoux :

Ce fut comme une apparition :
Elle était assise, au milieu du banc, toute seule ; ou du moins il ne distingua personne, dans l’éblouissement que lui envoyèrent ses yeux. En même temps qu’il passait, elle leva la tête ; il fléchit involontairement les épaules ; et, quand il se fut mis plus loin, du même côté, il la regarda.
Elle avait un large chapeau de paille, avec des rubans roses qui palpitaient au vent, derrière elle. Ses bandeaux noirs, contournant la pointe de ses grands sourcils, descendaient très bas et semblaient presser amoureusement l’ovale de sa figure. Sa robe de mousseline claire, tachetée de petits pois, se répandait à plis nombreux. Elle était en train de broder quelque chose ; et son nez droit, son menton, toute sa personne se découpait sur le fond de l’air bleu.
Comme elle gardait la même attitude, il fit plusieurs tours de droite et de gauche pour dissimuler sa manœuvre ; puis il se planta tout près de son ombrelle, posée contre le banc, et il affectait d’observer une chaloupe sur la rivière.
Jamais il n’avait vu cette splendeur de sa peau brune, la séduction de sa taille, ni cette finesse des doigts que la lumière traversait. Il considérait son panier à ouvrage avec ébahissement, comme une chose extraordinaire. Quels étaient son nom, sa demeure, sa vie, son passé ? Il souhaitait connaître les meubles de sa chambre, toutes les robes qu’elle avait portées, les gens qu’elle fréquentait ; et le désir de la possession physique même disparaissait sous une envie plus profonde, dans une curiosité douloureuse qui n’avait pas de limites.
Une négresse, coiffée d’un foulard, se présenta, en tenant par la main une petite fille, déjà grande. L’enfant, dont les yeux roulaient des larmes, venait de s’éveiller. Elle la prit sur ses genoux : « Mademoiselle n’était pas sage, quoiqu’elle eût sept ans bientôt ; sa mère ne l’aimerait plus ; on lui pardonnait trop ses caprices. » Et Frédéric se réjouissait d’entendre ces choses, comme s’il eût fait une découverte, une acquisition.
Il la supposait d’origine andalouse, créole peut-être ; elle avait ramené des îles cette négresse avec elle ?
Cependant, un long châle à bandes violettes était placé derrière son dos, sur le bordage de cuivre. Elle avait dû, bien des fois, au milieu de la mer, durant les soirs humides, en envelopper sa taille, s’en couvrir les pieds, dormir dedans ! Mais, entraîné par les franges, il glissait peu à peu, il allait tomber dans l’eau ; Frédéric fit un bond et le rattrapa. Elle lui dit :
— Je vous remercie, monsieur.
Leurs yeux se rencontrèrent.
(L’Éducation sentimentale, G. Flaubert, 1869.)

Ou encore cette pose exaltée, qui semble un tableau de Friedrich ou Delacroix :

Les rues étaient désertes. Quelquefois une charrette lourde passait, en ébranlant les pavés. Les maisons se succédaient avec leurs façades grises, leurs fenêtres closes ; et il songeait dédaigneusement à tous ces êtres humains couchés derrière ces murs, qui existaient sans la voir, et dont pas un même ne se doutait qu’elle vécût ! Il n’avait plus conscience du milieu, de l’espace, de rien ; et, battant le sol du talon, en frappant avec sa canne les volets des boutiques, il allait toujours devant lui, au hasard, éperdu, entraîné. Un air humide l’enveloppa ; il se reconnut au bord des quais.
Les réverbères brillaient en deux lignes droites, indéfiniment, et de longues flammes rouges vacillaient dans la profondeur de l’eau. Elle était de couleur ardoise, tandis que le ciel, plus clair, semblait soutenu par les grandes masses d’ombre qui se levaient de chaque côté du fleuve. Des édifices, que l’on n’apercevait pas, faisaient des redoublements d’obscurité. Un brouillard lumineux flottait au delà, sur les toits ; tous les bruits se fondaient en un seul bourdonnement ; un vent léger soufflait.
Il s’était arrêté au milieu du Pont-Neuf, et, tête nue, poitrine ouverte, il aspirait l’air. Cependant, il sentait monter du fond de lui-même quelque chose d’intarissable, un afflux de tendresse qui l’énervait, comme le mouvement des ondes sous ses yeux. À l’horloge d’une église, une heure sonna, lentement, pareille à une voix qui l’eût appelé.
Alors, il fut saisi par un de ces frissons de l’âme où il vous semble qu’on est transporté dans un monde supérieur. Une faculté extraordinaire, dont il ne savait pas l’objet, lui était venue. Il se demanda, sérieusement, s’il serait un grand peintre ou un grand poète ; et il se décida pour la peinture, car les exigences de ce métier le rapprocheraient de Mme Arnoux. Il avait donc trouvé sa vocation ! Le but de son existence était clair maintenant, et l’avenir infaillible.
(L’Éducation sentimentale, G. Flaubert, 1869.)

Un cœur simple, enfin, tiré des Trois Contes, annonce déjà, par sa cruauté toute en retenue  – la pire de toute –, la noirceur des nouvelles de Maupassant :

Félicité parvint au second étage.
Dès le seuil de la chambre, elle aperçut Virginie étalée sur le dos, les mains jointes, la bouche ouverte et la tête en arrière sous une croix noire s’inclinant vers elle, entre les rideaux immobiles, moins pâles que sa figure. Mme Aubain, au pied de la couche qu’elle tenait dans ses bras, poussait des hoquets d’agonie. La Supérieure était debout, à droite. Trois chandeliers sur la commode faisaient des taches rouges, et le brouillard blanchissait les fenêtres. Des religieuses emportèrent Mme Aubain.
Pendant deux nuits, Félicité ne quitta pas la morte. Elle répétait les mêmes prières, jetait de l’eau bénite sur les draps, revenait s’asseoir, et la contemplait. À la fin de la première veille, elle remarqua que la figure avait jauni, les lèvres bleuirent, le nez se pinçait, les yeux s’enfonçaient. Elle les baisa plusieurs fois ; et n’eût pas éprouvé un immense étonnement si Virginie les eût rouverts ; pour de pareilles âmes le surnaturel est tout simple. Elle fit sa toilette, l’enveloppa de son linceul, la descendit dans sa bière, lui posa une couronne, étala ses cheveux. Ils étaient blonds, et extraordinaires de longueur à son âge. Félicité en coupa une grosse mèche, dont elle glissa la moitié dans sa poitrine, résolue à ne jamais s’en dessaisir.
(Trois contes, G. Flaubert, 1877.)

5. Le romantique

Dans Hérodias, dans Saint Julien l’Hospitalier, Flaubert mêle l’histoire au surnaturel et à l’étranger, et rejoint l’esthétique romantique (P. Van Tieghem, pour définir le romantisme, parlait d’un « intérêt pour les hommes dans leur diversité historique et locale, pour leurs mœurs différentes, pour leur vie matérielle déterminée par des circonstances extérieures »).

Il s’engagea dans une troupe d’aventuriers qui passaient.
Il connut la faim, la soif, les fièvres et la vermine. Il s’accoutuma au fracas des mêlées, à l’aspect des moribonds. Le vent tanna sa peau. Ses membres se durcirent par le contact des armures ; et comme il était très fort, courageux, tempérant, avisé, il obtint sans peine le commandement d’une compagnie.
Au début des batailles, il enlevait ses soldats d’un grand geste de son épée. Avec une corde à nœuds, il grimpait aux murs des citadelles, la nuit, balancé par l’ouragan, pendant que les flammèches du feu grégeois se collaient à sa cuirasse, et que la résine bouillante et le plomb fondu ruisselaient des créneaux. Souvent le heurt d’une pierre fracassa son bouclier. Des ponts trop chargés d’hommes croulèrent sous lui. En tournant sa masse d’armes, il se débarrassa de quatorze cavaliers. Il défit en champ clos tous ceux qui se proposèrent. Plus de vingt fois, on le crut mort.
Grâce à la faveur divine il en réchappa toujours ; car il protégeait les gens d’Église, les orphelins, les veuves et principalement les vieillards. Quand il en voyait un marchant devant lui, il criait pour connaître sa figure, comme s’il avait eu peur de le tuer par méprise.
Des esclaves en fuite, des manants révoltés, des bâtards sans fortune, toutes sortes d’intrépides affluèrent sous son drapeau, et il se composa une armée.
Elle grossit. Il devint fameux. On le recherchait.
Tour à tour, il secourut le dauphin de France et le roi d’Angleterre, les templiers de Jérusalem, le suréna des Parthes, le négus d’Abyssinie et l’empereur de Calicut. Il combattit des Scandinaves recouverts d’écailles de poisson, des Nègres munis de rondaches en cuir d’hippopotame et montés sur des ânes rouges, des Indiens couleur d’or et brandissant par-dessus leurs diadèmes de larges sabres, plus clairs que des miroirs. Il vainquit les Troglodytes et les Anthropophages. Il traversa des régions si torrides que sous l’ardeur du soleil les chevelures s’allumaient d’elles-mêmes comme des flambeaux ; et d’autres qui étaient si glaciales que les bras, se détachant du corps, tombaient par terre ; et des pays où il y avait tant de brouillards que l’on marchait environné de fantômes.
Des républiques en embarras le consultèrent. Aux entrevues d’ambassadeurs, il obtenait des conditions inespérées. Si un monarque se conduisait trop mal, il arrivait tout à coup et lui faisait des remontrances. Il affranchit des peuples. Il délivra des reines enfermées dans des tours. C’est lui, et pas un autre, qui assomma la guivre de Milan et le dragon d’Oberbirbach.
(Trois contes, G. Flaubert, 1877.)

Salammbô, le plus grand succès de l’écrivain normand, est un chef-d’œuvre. Ce magnifique roman historique se déroule à Carthage en 300 av J.-C., et raconte la guerre qui opposa les Carthaginois aux mercenaires à la fin de la Première guerre punique. Tout est romantique dans cette fresque épique : la vision idéalisée d’un passé antique, l’amour furieux qui anime les personnages, l’atmosphère presque fantastique qui s’en dégage. Que l’on admire le style du maître du style dans cette description, par exemple, d’un lever du soleil –

Mais une barre lumineuse s’éleva du côté de l’Orient. À gauche, tout en bas, les canaux de Mégara commençaient à rayer de leurs sinuosités blanches les verdures des jardins. Les toits coniques des temples heptagones, les escaliers, les terrasses, les remparts, peu à peu, se découpaient sur la pâleur de l’aube ; et tout autour de la péninsule carthaginoise une ceinture d’écume blanche oscillait tandis que la mer couleur d’émeraude semblait comme figée dans la fraîcheur du matin. À mesure que le ciel rose allait s’élargissant, les hautes maisons inclinées sur les pentes du terrain se haussaient, se tassaient telles qu’un troupeau de chèvres noires qui descend des montagnes. Les rues désertes s’allongeaient ; les palmiers, çà et là sortant des murs, ne bougeaient pas ; les citernes remplies avaient l’air de boucliers d’argent perdus dans les cours ; le phare du promontoire Hermæum commençait à pâlir. Tout en haut de l’Acropole, dans le bois de cyprès, les chevaux d’Eschmoûn, sentant venir la lumière, posaient leurs sabots sur le parapet de marbre et hennissaient du côté du soleil.
Il parut ; Spendius, levant les bras, poussa un cri.
Tout s’agitait dans une rougeur épandue, car le dieu, comme se déchirant, versait à pleins rayons sur Carthage la pluie d’or de ses veines. Les éperons des galères étincelaient, le toit de Khamon paraissait tout en flammes, et l’on apercevait des lueurs au fond des temples dont les portes s’ouvraient. Les grands chariots arrivant de la campagne faisaient tourner leurs roues sur les dalles des rues. Des dromadaires chargés de bagages descendaient les rampes. Les changeurs dans les carrefours relevaient les auvents de leurs boutiques. Des cigognes s’envolèrent, des voiles blanches palpitaient. On entendait dans le bois de Tanit le tambourin des courtisanes sacrées, et à la pointe des Mappales, les fourneaux pour cuire les cercueils d’argile commençaient à fumer.
(Salammbô, G. Flaubert, 1862.)

– Ou dans cette évocation de la prêtresse Salammbô :

Sa chevelure, poudrée d’un sable violet, et réunie en forme de tour selon la mode des vierges chananéennes, la faisait paraître plus grande. Des tresses de perles attachées à ses tempes descendaient jusqu’aux coins de sa bouche, rose comme une grenade entr’ouverte. Il y avait sur sa poitrine un assemblage de pierres lumineuses, imitant par leur bigarrure les écailles d’une murène. Ses bras, garnis de diamants, sortaient nus de sa tunique sans manches, étoilée de fleurs rouges sur un fond tout noir. Elle portait entre les chevilles une chaînette d’or pour régler sa marche, et son grand manteau de pourpre sombre, taillé dans une étoffe inconnue, traînait derrière elle, faisant à chacun de ses pas comme une large vague qui la suivait.
Les prêtres, de temps à autre, pinçaient sur leurs lyres des accords presque étouffés ; et dans les intervalles de la musique, on entendait le petit bruit de la chaînette d’or avec le claquement régulier de ses sandales en papyrus.
Personne encore ne la connaissait. On savait seulement qu’elle vivait retirée dans des pratiques pieuses. Des soldats l’avaient aperçue la nuit, sur le haut de son palais, à genoux devant les étoiles, entre les tourbillons des cassolettes allumées. C’était la lune qui l’avait rendue si pâle, et quelque chose des dieux l’enveloppait comme une vapeur subtile. Ses prunelles semblaient regarder tout au loin au delà des espaces terrestres. Elle marchait en inclinant la tête, et tenait à sa main droite une petite lyre d’ébène.
(Salammbô, G. Flaubert, 1862.)

6. L’humoriste

L’humour est la marque des grands écrivains. Bouvard et Pécuchet, roman inachevé – l’auteur est mort en l’écrivant – dévoile un Flaubert humoriste.

Bouvard et Pécuchet est un livre étrange, très nouveau, éminemment ambigu. C’est l’histoire de deux copistes qui s’associent l’un en face de l’autre pour passer en revue la totalité des connaissances humaines. Le roman, où vous retrouvez, tournée en dérision, la folie de Flaubert pour la documentation, constitue une sorte d’encyclopédie en forme de farce. Flaubert voulait délibérément écrire une oeuvre « arrangée de telle manière que le lecteur ne sache pas si on se fout de lui, oui ou non ». Il y réussit à merveille.
(Une autre histoire de la littérature française, I, J. d’Ormesson)

Les chiffres donnent le tournis. L’auteur lui-même avouait, en parlant de Bouvard et Pécuchet, qu’il lui avait fallu « absorber » plus de mille cinq cents ouvrages !

Les pommiers étaient en fleurs et l’herbe, dans la cour, fumait sous le soleil levant. Au bord de la mare, à demi couverte d’un drap, une vache beuglait, grelottante des seaux d’eau qu’on lui jetait sur le corps, et, démesurément gonflée, elle ressemblait à un hippopotame.
Sans doute, elle avait pris du « venin » en pâturant dans les trèfles. Le père et la mère Gouy se désolaient, car le vétérinaire ne pouvait venir, et un charron qui savait des mots contre l’enflure ne voulait pas se déranger ; mais ces messieurs dont la bibliothèque était célèbre, devaient connaître un secret.
Ayant retroussé leurs manches, ils se placèrent l’un devant les cornes, l’autre à la croupe, et, avec de grands efforts intérieurs et une gesticulation frénétique, ils écartaient les doigts pour épandre sur l’animal des ruisseaux de fluide, tandis que le fermier, son épouse, leur garçon et des voisins, les regardaient presque effrayés.
Les gargouillements que l’on entendait dans le ventre de la vache provoquèrent des borborygmes au fond de ses entrailles. Elle émit un vent. Pécuchet dit alors :
— C’est une porte ouverte à l’espérance, un débouché, peut-être.
Le débouché s’opéra, l’espérance jaillit dans un paquet de matières jaunes éclatant avec la force d’un obus. Les cuirs se desserrèrent, la vache dégonfla ; une heure après il n’y paraissait plus.
(Bouvard et Pécuchet, G. Flaubert, 1881 – posthume.)

Mais Le Dictionnaire des idées reçues, rédigé « dans le sillage » de Bouvard et Pécuchet, est encore plus étonnant. Quelques définitions valent mieux qu’une longue présentation :

Académie française : la dénigrer mais tâcher d’en faire partie, si l’on peut.
Devoirs : les autres en ont envers vous, mais on n’en a pas envers les autres.
Diderot : toujours suivi de « d’Alembert ».
Écriture : une belle écriture mène à tout. Quand elle est indéchiffrable, c’est signe de science. Ex : les ordonnances de médecin.
Féodalité : n’en avoir aucune idée précise mais tonner contre.
Génovéfain : on ne sait pas ce que c’est.
Globe : mot pudique pour désigner les seins d’une femme : « laissez-moi baiser vos globes adorables. »
Oiseau : désirer en être un et dire en soupirant « des ailes, des ailes » marque une âme poétique.
Parents : cacher ceux qui ne sont pas riches.
Pucelle : ne s’emploie qu’avec « Orléans. »
Treize : éviter d’être treize à table, ça porte malheur. Les esprits forts ne devront jamais manquer les plaisanteries suivantes : « qu’est-ce que ça fait, je mangerai pour deux » ; ou bien, s’il y a des dames, demander si l’une d’elles n’est pas enceinte.

À bon entendeur !

Conclusion

Flaubert était-il un poète-dramaturge ? Il faudrait encore citer La Tentation de saint Antoine, dédiée à son ami le plus cher, Alfred Lepoitevin. Cet ouvrage est l’œuvre véritable de toute sa vie, comme le Tartuffe fut celle de Molière, comme Phèdre fut celle de Racine. Et en effet, La Tentation est tout à la fois l’un des premiers écrits de Flaubert – une première version en est présentée à ses amis Du Camp et Bouilhet avant le voyage en Égypte de 1849 – et l’un des derniers – celle publiée en 1874 est la troisième. Ce livre, format mélangé inhabituel chez Flaubert, se situe entre le drame et le poème en prose. Si elle constitue son œuvre la plus originale, elle est aussi, peut-être, celle qui le représente au mieux : car Flaubert lui-même fut comme un mélange, à la fois réaliste et romantique, à la fois gouailleur et précieux (voir, dans sa Correspondance, la différence de ton entre les lettres adressées à Ernest Chevalier, et celles adressées à Mademoiselle Leroyer de Chantepie). Pour écrire La Tentation, Flaubert, comme de coutume, s’est tué à la tâche.

Il y a un mot qui ne va pas bien à Flaubert : c’est le mot talent. Il n’est pas couvert de dons, il n’est pas tellement brillant. Il est plutôt solide que doué. C’est un travailleur de génie. Il a l’air d’illustrer la formule fameuse : « 10 % d’inspiration, 90 % de transpiration. »
(Une autre histoire de la littérature française, I, J. d’Ormesson)

En littérature, « tout est affaire de chronologie », pour reprendre le mot de Proust. Comme Stendhal avec La Chartreuse de Parme et Le Rouge et le Noir, comme Baudelaire avec Les Fleurs du Mal, Flaubert a été un carrefour, ou un pont, jeté par-dessus le fleuve du dix-neuvième, entre les rives du romantisme et du réalisme ; et cela justifie aussi son importance dans la grande histoire des lettres françaises.

 

Lectures conseillées :

  • Correspondance, Choix et présentation de B. Masson, Folio Classique
  • Trois Contes, G. Flaubert
  • Madame Bovary, G. Flaubert
  • L’Éducation sentimentale
  • Salammbô, G. Flaubert
  • Bouvard et Pécuchet, G. Flaubert
  • Dictionnaire des idées reçues, 
  • La Tentation de Saint-Antoine

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